Vaccin et mémoire immunitaire :
La vaccination s’appuie sur le système immunitaire, le système de défense de l’organisme, ainsi que sur les
compétences spécifiques de ses composants, en particulier les lymphocytes mémoire.
« Les vaccins sont des outils importants du contrôle des maladies infectieuses et donc des épidémies. »
a. Définition standard d’un vaccin :
Un vaccin est une substance préparée à partir de bactéries ou de virus, tués, inactivés ou atténués. Injecté à une
personne, il stimule son système immunitaire adaptatif et accroît ses défenses naturelles vis-à-vis d’un agent
pathogène précis.
* Un vaccin préventif est utilisé avant la contamination ; il empêche l’infection de survenir. On l’injecte à des
personnes saines.
* Un vaccin thérapeutique est utilisé au cours d’une infection ; il ralentit son évolution et diminue sa gravité. On
l’injecte à des personnes contaminées
b. Le système immunitaire
Le système immunitaire d’un organisme est un ensemble d’éléments biologiques de reconnaissance et de défense. Il
reconnaît ce qui étranger à l’organisme et le détruit.
L’immunité chez l’homme est en partie innée (ou naturelle), en partie adaptative (ou acquise).
* L’immunité innée existe dès la naissance. Elle n’est pas spécifique et peut établir une défense rapidement, en
attendant que l’immunité adaptative devienne fonctionnelle. Elle utilise :
Les barrières : peau, muqueuses, sécrétions corporelles (larmes, suc gastrique…)
Les globules blancs : macrophages, cellules dendritiques…
Les cytokines : peptides solubles de signalisation, synthétisés par les cellules du système immunitaire et
agissant à distance sur d’autres cellules pour en réguler l’activité et la fonction
Le système du complément : groupe de 35 protéines du sérum sanguin. Douze sont directement impliquées
dans les mécanismes d’élimination des pathogènes ; les autres régulent l’activité des premières afin d’éviter
une réaction auto-immune.
* L’immunité acquise s’appuie sur les lymphocytes B (immunité humorale) et T (immunité cellulaire). Elle peut
être stimulée par la vaccination.
c. La mémoire immunitaire
La mémoire immunitaire est la capacité de certains lymphocytes à reconnaître et à réagir plus vite contre des
antigènes déjà rencontrés que contre des antigènes nouveaux.
Elle devient fonctionnelle au bout de quatre à cinq jours de vie et joue un rôle primordial dans le maintien de la
protection à long terme de l’organisme. C’est sur elle que s’appuie la vaccination.
Quand ils rencontrent un organisme étranger ou antigène (Ag), les macrophages et les cellules dendritiques
l’entourent et le présentent aux lymphocytes T. Ceux-ci détruisent l’antigène par action cytotoxique et stimulent les
lymphocytes B qui produisent des anticorps (Ac) spécifiques de cet antigène. Certains de ces lymphocytes T et B
deviennent des cellules mémoire, capables de garder l’information.
Si les lymphocytes mémoire rencontrent à nouveau le même antigène, ils déclenchent une réponse immune plus
rapide et plus forte.
2. Essai vaccinal expérimental: les différentes étapes
Un essai vaccinal expérimental suit un processus codifié, comprenant des phases aux objectifs précis. Les résultats
d’une phase doivent répondre à des critères définis pour passer à la suivante. Il s’agit d’un parcours rigoureux et long
où chaque étape apporte des informations complémentaires.
Il faut de nombreuses années, au moins 9 à 10 ans, en moyenne 12, pour arriver à la commercialisation d’un vaccin.
Entre temps, beaucoup de candidats-vaccins sont abandonnés. »
a. Les essais précliniques
Les vaccins sont d’abord étudiés en laboratoire et testés chez l’animal. Cette étape indispensable ne préjuge pas des
résultats chez l’homme.
b. Les essais cliniques
Les essais cliniques, chez l’homme, comprennent trois phases successives qui correspondent à des objectifs différents.
L’aspect comparatif entre le vaccin et les placébos est obligatoire à chacune des étapes, avec des pourcentages en
réductions progressives en fonction de l’avancée des phases et toujours selon l’appréciation du laboratoire.
Les effets détectables du placebo sont ensuite déduits des effets apparents du traitement actif afin d’identifier
l’efficacité réelle du traitement; pour être concluante, une différence cliniquement et statistiquement significative est
nécessaire. Dans certaines études, le placebo a un effet bénéfique sur la pathologie chez un pourcentage élevé de
patients, rendant difficile la démonstration de l’efficacité du traitement actif.
La meilleure méthode pour mesurer l’efficacité d’un traitement est de comparer celui-ci avec un traitement déjà
validé, ou avec un placebo. En effet, le simple fait de prendre en charge un patient (et éventuellement, de lui
administrer un comprimé) influe sur l’évolution de ses troubles, en particuliers sur les plus subjectifs d’entre eux.
Un vaccin qui, administré dans les mêmes conditions qu’un placebo, n’obtient pas un taux de guérison supérieur ne
mérite ni d’être commercialisé, ni d’être remboursé… ce qui est pourtant le cas de certains d’entre eux !
Pour être sûr que l’évolution de la pathologie est bien due au traitement et non à des facteurs extérieurs, on réalise
cette comparaison sur un grand nombre de patients. Plus le nombre est important, plus le résultat est fiable !
Les essais comparant un traitement A avec un traitement A auquel on adjoint un traitement B sont considérés
comme très peu fiables. Si l’on veut réaliser un tel comparatif, il faut ajouter un placebo indifférenciable du traitement
B au traitement reçu par le premier groupe. Sinon quoi une différence sera nécessairement observée (l’effet placebo
propre du traitement B), et l’on risque de conclure à tort de l’intérêt du traitement B !
L’usage de plusieurs formules à l’aveugle en Phase 1 et 2, puis en double aveugle en phase 3.
Il s’agit pourtant d’une garantie de très grande qualité de l’étude, car cela signifie que ni le patient, ni son médecin ne
peuvent savoir qui a le médicament testé et qui a un placebo. Ce secret est impératif pour garantir l’objectivité de
l’évaluation d’un nouveau traitement.
Si le patient sait qu’il prend un placebo, l’intérêt de la procédure est évidemment nulle. Mais lorsque la personne qui
administre le traitement est dans le secret, on constate également que les résultats sont biaisés. En modifiant son
comportement, même de façon subtile, à l’égard des patients traités par placebo, il peut influencer les résultats. Cela
ouvre également la porte à la fraude.
Seuls les personnes qui dépouillent les résultats de l’essai, une fois celui-ci terminé, doivent être autorisés à accéder
aux registres distinguant patients recevant la véritable thérapie de ceux recevant un placebo (on parle de « levée
d’aveugle »).
Ce secret qui exige une logistique extrêmement rigoureuse.
La phase I (innocuité) dure de un à deux ans. Elle a pour objectif de Cerner la toxicité de traitement et déterminer
Un profil pharmacocinétique/pharmacodynamique préliminaire du médicament chez l’homme sera établi. Les essais
de phase I incluent un petit nombre de sujets volontaires, le plus souvent sains :
Provoque-t-il des effets indésirables sérieux ?
Sa tolérance : comment le corps réagit-il au produit ?
Son immunogénicité : le vaccin expérimental génère-t-il une réponse immunitaire ?
Le pourcentage de placébos est à l’appréciation du laboratoire.
La phase IIA dite précose (immunogénicité et dosage) dure de un à deux ans. Les essais sont réalisés sur un très petit
nombre de volontaires. Ils permettent de démontrer l’efficacité du traitement et définir la dose optimale.Elle permet d’étudier, chez l’homme, la (les) propriété(s)pharmacodynamique(s) dont celles déjà mises en
évidence chez l’animal.Elle a pour but également de parfaire la connaissance de la pharmacocinétique sur des cobayes sains.
On continue à vérifier la tolérance et l’innocuité du vaccin expérimental.
On continue à surveiller son immunogénicité.
On cherche à établir la dose optimale de vaccin à utiliser.
Le pourcentage de placébos est de l’ordre de 80% et en aveugle (le patient n’est pas informé).
La phase IIB, encore appelée « preuve de concept » ou « validation de principe », dure de deux à cinq ans. Les essais
sont réalisés sur un nombre plus élevé de volontaires malades avec homogénéité et ont pour objectif de déterminer
si :Le vaccin procure bien une protection durable contre l’infection
La stratégie vaccinal expérimentale (A quel moment, quelle dose, quelle fréquence adopter ?) est
susceptible de fonctionner pour réduire le risque de transmission du pathogèneLe pourcentage de placébos est de l’ordre de 60% à 80% et en aveugle (le patient n’est pas informé).
Un essai de phase III est envisageable
La phase III (efficacité et bénéfices/risques) dure de trois à cinq ans. Cette phase permet de Comparer l’efficacité du
nouveau médicament au placebo ou à un médicament de référence s’il existe et viseDes essais testent sur des centaines, voire des milliers de personnes malades avec moins d’homogénéité
par rapport aux phases précédentes,Le rapport bénéfices/risques du vaccin.
Ces études pivots permettent de définir les conditions et les précautions d’emploi du vaccin et, à terme,
de poser des demandes d’AMM auprès des agences du médicament.Le pourcentage de placébos est de l’ordre de 40% à 60% et en double aveugle (le patient et le praticien ne
sont pas informés).
La phase IV phase de pharmacovigilance : les essais nécessitent souvent un nombre très important de patients. La
population retenue est peu homogène. Ils peuvent mettre en évidence des effets indésirables rares et visent .affiner la connaissance du médicament,
affiner la connaissance de la fréquence des effets indésirables,
évaluer la stratégie du traitement,
adapter la posologie pour des cas particuliers non pris en compte lors des essaisprécédents.
Deux étapes de recherche peuvent être associées (essai de phase I/II par exemple), ce qui permet d’accélérer un peu
le processus.
Les Agences du médicament examinent l’ensemble des éléments disponibles, autorisent ou non la commercialisation,
définissent le cadre et les conditions d’utilisation du vaccin.
Le CTV élabore la stratégie vaccinal expérimentale (quelles populations vacciner) en fonction des données
épidémiologiques, des études bénéfice-risque individuel et collectif et d’études médico-économiques. Il propose aussi
des adaptations pour la mise à jour du calendrier vaccinal expérimental.
Quand un vaccin est commercialisé, il entre en phase de pharmacovigilance, parfois appelée phase IV. Patients et
médecins sont incités à déclarer des effets secondaires non signalés aux instances de surveillance (en France, l’ANSM).
3.La loi Huriet de décembre 1988, un encadrement pour la recherche biomédicale en France
Tout essai doit recevoir une autorisation préalable de l’ANSM.
La personne volontaire pour un essai doit être informée précisément :
* Sur l’objectif de la recherche, sa méthodologie, sa durée ;
* Sur les bénéfices attendus et les risques prévisibles de l’essai ;
* Sur l’avis donné par un comité indépendant du promoteur et de l’investigateur de l’essai, le CCPPRB.
Les informations communiquées sont résumées dans un document écrit qui présente les détails spécifiques de l’essai
et doit être remis au volontaire.
La personne doit donner son accord pour participer à une recherche par écrit, en signant un formulaire de
consentement éclairé.
Pendant son déroulement, un essai continue à faire l’objet d’une surveillance par l’ANSM et le CCPPRB.